Bishop : l’odyssée granitique de Clément Lechaptois - Climbing District
Publié le 17.06.2025

Dans les hauteurs de Bishop : l’odyssée granitique de Clément Lechaptois

Le décor est brut, lunaire, coupé du monde. Au pied de la Sierra Nevada, Bishop (Californie) déploie ses colosses de granit comme un appel aux plus audacieux des grimpeurs. Cette année, c’est Clément Lechaptois qui a répondu à cet appel. Pour son premier pèlerinage sur ce spot mythique, le Français s’est frotté aux highballs les plus emblématiques des États-Unis — et en est revenu avec des souvenirs gravés dans la peau.

Master class avec Clément Lechaptois
Jeudi 26 juin 18h30 à la Bastille

Une blessure en bagage, une envie d’horizon

Clément débarque à Bishop avec une envie de nouveauté. “Je n’étais jamais allé grimper là-bas”, raconte-t-il. “Ces énormes boules de granite dans cet environnement fou ont toujours attiré mon attention.” Un décor sublime, presque irréel, bien loin des falaises européennes. Pourtant, une blessure à l’ischio-jambier, survenue en décembre, vient mettre un frein aux ambitions. Il faudra adapter, trier, et s’autoriser moins de talons hauts. “Frustrant, parfois. Mais la nature des blocs s’y prête plutôt bien.”

Lucid Dreaming : rêve éveillé, combat physique

Parmi les lignes les plus mythiques du Buttermilks, une idée s’impose vite : Lucid Dreaming (8C), cauchemar vertical devenu symbole de l’escalade américaine de haut niveau. Dès les premiers essais, Clément enchaîne les mouvements, surpris par sa progression. Mais très vite, une routine se met en place : chute au dernier jeté, blessure au doigt, peau arrachée. “Une guerre de gestion de la peau dont je suis sorti perdant”, résume-t-il avec lucidité.

Le voyage devient une école de patience. Attendre. Toucher le bloc du bout des doigts. Se préserver. “Les erreurs minimes deviennent des échecs majeurs”, dit-il. Et pourtant, malgré l’amertume de l’inachevé, Clément retient la beauté du processus : “C’était une expérience frustrante, mais enrichissante.”

Spectre, Buttermilker, Evilution : les classiques revisités

Entre deux tentatives sur Lucid Dreaming, l’athlète se tourne vers d’autres lignes mythiques :

  • Evilution Direct (8A/V11) : “Cette boule fait près de 20 mètres de haut, avec une escalade magnifique. Passé un certain point, tomber n’est plus une option.”
  • Buttermilker (8B/V13) : classique ouvert par Chris Sharma, au style résolument old school, qui exige puissance et précision.
  • Spectre (8B/V13) : le coup de cœur du séjour. “Des mouvements purs dans un dévers parfait, un bloc d’une esthétique folle.” Lechaptois y vit même une ascension épique. Seul, de nuit, coincé en haut du bloc, il ne peut plus descendre. “Je ne voyais plus mes pieds avec les ombres… J’ai dû grogner jusqu’au sommet dans un élan de survie. Intense. Mais j’ai adoré !”

Une terre de légende

Au-delà de la performance pure, Clément retient surtout la magie du lieu. “J’ai toujours rêvé de visiter Bishop. Chaque jour, je m’émerveillais des paysages, si différents de ce qu’on connaît en Europe.” Le granit du Buttermilks, la lumière rasante du désert, le vent furieux qui emporte les crashpads — tout contribue à créer cette atmosphère presque mythologique, où chaque ascension est un acte de foi.

Bishop n’aura pas offert à Clément Lucid Dreaming, mais lui aura livré bien plus : une leçon d’humilité, une connexion profonde avec la nature, et un goût prononcé pour l’aventure verticale.

 

Photos : Clément Lechaptois
À suivre sur Instagram : @climbingdistrict@clem_lechap

*Les informations présentées dans cet article correspondent à la période de sa publication - juin 2025.
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